Méthodologie d'évaluation du partage spatiotemporel de la rue

De plus en plus de documents de planification, au Québec et ailleurs, contiennent des objectifs relatifs à l'amélioration du partage de la rue entre ses divers usagers : piétons, cyclistes, usagers du transport collectif, automobilistes, notamment. Plusieurs démarches visent également à rétablir un équilibre entre les différentes dimensions de la rue : la rue comme lien, c'est-à-dire comme espace dédié à la mobilité, mais aussi la rue comme lieu, c'est-à-dire comme espace d'activités, ainsi que la rue comme espace accueillant des fonctions environnementales. Ce partage de l'espace de la rue est le produit d'un arbitrage politique, administratif et technique entre les divers modes, arbitrage sous-tendu par des principes implicites ou explicites d'équité. De plus, le partage de l'espace urbain est changeant : il varie selon l'heure de la journée, le jour de la semaine et la période de l'année. Toutefois, peu de méthodes d'évaluation et d'indicateurs de suivi ont été proposés pour assurer la mise en oeuvre des objectifs publics en matière de partage de la rue. Alors même que les pouvoirs publics investissent des sommes colossales dans le réaménagement des infrastructures urbaines dans le but d'en améliorer le partage, il n'existe toujours pas de mesures à grande échelle pour étudier le caractère équitable de ce partage et pour en assurer le suivi dans le temps. Quelques méthodes ont été proposées, mais toutes ces méthodes dépendent de relevés effectués sur le terrain ou encore d'une classification manuelle des surfaces à l'aide de photos satellites. Il n'existe ainsi, à l'heure actuelle, aucune méthode systématique pour effectuer le diagnostic du partage de l'espace de la rue à l'échelle d'un territoire urbain. Le partage de l'espace urbain reste donc un concept difficile à définir, à mesurer et à évaluer dans le temps.

Abstract

More and more planning documents, in Québec and elsewhere, aim to reallocate street space between the various users of the street, namely pedestrians, cyclists, public transit riders and motorists. Several approaches also aim to restore a balance between the different dimensions of the street: the street as a link, i.e., a space dedicated to mobility, but also the street as a place, i.e., an activity space, as well as the street as a space dedicated to environmental functions. The allocation of street space is the product of a political, administrative and technical arbitration between the various modes and uses of the street, an arbitration underpinned by implicit or explicit principles of justice. In addition, the allocation of urban space is not fixed: it varies according to the time of day, the day of the week and the time of year. However, few evaluation methods and monitoring indicators have been proposed to oversee the realization of public goals in terms of street space reallocation. Even though authorities invest colossal sums in the redevelopment of urban streets, there are still no generalizable measures to study the equitable nature of these reallocation operations and to ensure their fairness or to monitor their evolution over time. A few methods have been proposed, but they depend on surveys carried out in the field or on a manual classification of surfaces using satellite photos. At the present time, there is no systematic method for carrying out the diagnosis of the sharing of street space at a city scale. The equity of street space allocation therefore remains a difficult concept to define, measure and evaluate over time.