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Comprendre l'impact de l'impuissance apprise : une perspective individuelle et organisationnelle grâce à l'usage de l'IRM fonctionnelle

Pierre Lechat

Mémoire de maîtrise (2024)

[img] Accès restreint: Personnel autorisé jusqu'au 17 juillet 2025
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Résumé

En entreprise, les employés sont sujets à des processus de prise de décisions et de résolution de problèmes dans chaque étape des missions qu’ils sont amenés à faire. Ces phénomènes cognitifs résultent de processus internes complexes suscitant des émotions et faisant intervenir de multiples zones du cerveau. Ces processus peuvent être affectés par de multiples biais et expériences passées qui vont venir affecter la prise de décision et l’efficacité à la résolution de problèmes futurs. Un des phénomènes ayant un impact sur ce circuit de la décision est l’impuissance apprise (IA) qui apparaît lorsqu’un individu vit une expérience où il est inexorablement mis en échec. Ainsi l’individu anticipe constamment l’échec et se crée la croyance de son impuissance. Cette impossibilité de s’en sortir affecte négativement le circuit de la prise de décision ainsi que la capacité à résoudre adéquatement les problèmes. Ces aptitudes étant employées dans des domaines autres que celui de la situation impossible, les altérations peuvent présenter des conséquences dans une panoplie variée de situation de la vie courante. Il est alors à noter que ce phénomène d’IA, induit des comportements qui présentent des ressemblances avec les symptômes de traumatismes. Il a notamment été montré qu’une personne traumatisée à une connectivité fonctionnelle entre plusieurs régions du cerveau différente en état de repos que des personnes sans traumatisme. L’enjeu est donc de savoir si à la suite d’une expérience d’IA, la connectivité fonctionnelle du participant en état de repos peut être altérée. En effet, une altération de la connectivité fonctionnelle peut aussi être observée chez les personnes traumatisées. Finalement, cette recherche s’inscrit dans un questionnement visant à savoir si l’IA répétée provoque chez un individu une altération de la connectivité fonctionnelle, nécessitant alors de manière urgente une révision des pratiques de gestion. Afin de simuler cette situation, une expérience d’IA, légère a été recréée en laboratoire et les sujets ont été placés dans un scanner à imagerie par résonance magnétique (IRM) afin de voir l’impact de cette situation sur leurs cerveaux. Il s’agit d’une duperie expérimentale afin de placer des participants dans une situation impossible alors qu’il leur est annoncé et renforcé que ça l’est. L’expérience consiste en la réalisation d’une série d’anagrammes. Pour un groupe de participants dit de contrôle, toutes les anagrammes sont réalisables. Pour un autre groupe de participants dit de test une série d’anagrammes sont impossibles bien qu’il leur soit affirmé le contraire. 14 participants ont été requis pour cette expérience. Ces deux groupes ont été placés dans un scanner IRM afin de mesurer le signal d’oxygénation de leur sang appelé en anglais « Blood-Oxygen-Level-Dependent » (BOLD). De plus, le signal électrodermal a été capturé lors des séances afin de quantifier la réponse émotionnelle au test dans les groupes. Enfin, chaque sujet a réalisé avant la séance un test OCEAN (acronyme des axes de personnalité quantifiée par l’Ouverture d’esprit, la Conscienciosité, l’Extraversion, l’Agréabilité et le Névrotisme) quantifiant leur personnalité selon plusieurs variables de contrôle. L’étude a montré que le temps moyen de résolution s’est révélé plus long significativement (presque deux fois plus) dans le groupe d’IA que dans le groupe contrôle. Le test OCEAN a montré que le trait du névrotisme est positivement corrélé à l’augmentation du temps de réponse chez les participants et augmente ainsi les conséquences de l’IA. En ce qui concerne l’activité cérébrale, l’analyse globale du cerveau des participants du groupe contrôle a révélé que l’activation d’une partie du DRN est corrélée avec la résolution de tâche (z > 1.8, correction sur les clusters de voxels à p < 0.01)1 comme le suggérait les travaux de Maier et Seligman. Par ailleurs, le DRN dans le groupe d’IA comprenait plusieurs voxels ayant des z-statistiques élevés (z > 3.75, correction sur les clusters de voxels à p < 0.1). Enfin, une analyse complète du cerveau des participants en phase de repos a révélé des différences significatives dans la connectivité avec une régions du DMN, le précuneus cingulate cortex (PCC). Des études postérieures devront s’intéresser plus en détail sur les régions et les fonctions précises altérées en état de repos après l’expérience d’IA. Mots-clés : Impuissance apprise, traumatisme, IRMf, signal électrodermale, test OCEAN, DRN, DMS.

Abstract

In a corporate setting, employees undergo decision-making and problem-solving processes at each stage of their assigned tasks. These cognitive phenomena result from intricate internal processes that evoke emotions and engage multiple areas of the brain. These processes can be influenced by various biases and past experiences, impacting decision-making and problem-solving efficiency in the future. One phenomenon with a significant impact on this decision-making circuit is learned helplessness (LH), which manifests when an individual experiences a situation where failure seems inevitable. Consequently, the individual consistently anticipates failure, fostering a belief in their helplessness. This inability to overcome challenges negatively affects the decision-making circuit and the capacity to adequately solve problems. Since these skills are applied in domains beyond the impossible situation, alterations may have consequences in various real-life scenarios. It is noteworthy that LH-induced behaviors exhibit similarities with trauma symptoms. Studies have shown that a traumatized individual exhibits different functional connectivity between various brain regions during resting states compared to non-traumatized individuals. The challenge is to find out whether the functional connectivity of the participant in the resting state can be altered as a result of an AI experiment. Indeed, altered functional connectivity can also be observed in traumatized individuals. Ultimately, this research aims to determine whether repeated exposure to LH induces alterations in an individual's functional connectivity, prompting an urgent need for a reassessment of management practices. To simulate this situation, a mild LH experiment was recreated in a laboratory, with subjects placed in a magnetic resonance imaging (MRI) scanner to observe the impact on their brains. This experimental deception aimed to position participants in an impossible situation, despite being informed and reinforced that it was. The experiment involved solving a series of anagrams. For a control group, all anagrams were solvable, while for a test group, a series of anagrams was declared impossible, contrary to what was asserted. Fourteen participants were recruited for this experiment. Both groups underwent MRI scanning to measure blood-oxygen-level-dependent (BOLD) signals. Additionally, electrodermal signals were recorded during sessions to quantify emotional responses. Each participant also completed an OCEAN test (acronym for Openness, Conscientiousness, Extraversion, Agreeableness, and Neuroticism) before the session, assessing personality across multiple control variables. The study revealed a significantly longer average resolution time (almost twice as much) in the LH group compared to the control group. The OCEAN test demonstrated that the trait of neuroticism is positively correlated with an increase in response time among participants, thereby amplifying the consequences of LH. Regarding brain activity, the overall analysis of the control group's brains revealed that the activation of a portion of the dorsal raphe nucleus (DRN) is correlated with task resolution (z > 1.8, correction on voxel clusters at p < 0.01), as suggested by the works of Maier and Seligman. Furthermore, the DRN in the LH group included multiple voxels with elevated z-statistics (z > 3.75, correction on voxel clusters at p < 0.1). Finally, a comprehensive analysis of participants' brains during the resting phase unveiled significant differences in connectivity with a region of the default mode network (DMN), the precuneus cingulate cortex (PCC). Future studies will need to look in more detail at the precise regions and functions altered in the resting state after the AI experience.

Département: Département de mathématiques et de génie industriel
Programme: Maîtrise recherche en génie industriel
Directeurs ou directrices: Samuel Bassetto et Eva Alonso Ortiz
URL de PolyPublie: https://publications.polymtl.ca/57726/
Université/École: Polytechnique Montréal
Date du dépôt: 17 juil. 2024 13:59
Dernière modification: 17 juil. 2024 23:39
Citer en APA 7: Lechat, P. (2024). Comprendre l'impact de l'impuissance apprise : une perspective individuelle et organisationnelle grâce à l'usage de l'IRM fonctionnelle [Mémoire de maîtrise, Polytechnique Montréal]. PolyPublie. https://publications.polymtl.ca/57726/

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